Hier, c’était la journée mondiale contre le cancer.
Un sujet qui me touche particulièrement, puisque ma famille est noyée dedans depuis des années…

En juin 2016, je publiais cet article sur le cancer de mon Papa, qui me fait toujours autant pleurer en le lisant. 6 ans plus tard, j’ai l’impression que c’était hier. Je me souviens de chaque instant. Les nouvelles sont plutôt bonnes le concernant, même si sa vie et les nôtres en resteront impactées à jamais, il va bien, il est en rémission, et ce mot fait un bien fou.

Et puis la vie est parfois une belle garce.

En octobre 2020, ma famille s’est pris une nouvelle claque en pleine gueule, parce qu’il n’y a pas de mot pour décrire la descente aux enfers qu’on a vécu, et plus particulièrement ma petite sœur, son mari, leurs fils…

Gabriel n’a alors même pas 3 ans, ce sont les vacances scolaires, il profite avec son frère, ses parents, et a une bosse sur le front. Casse-cou comme il est notre Gabzilla, rien d’étonnant. Mais ça ne part pas, malgré le temps, les médicaments, rien. Au contraire, ça empire, sa paupière s’affaisse. Alors, son médecin traitant, réactif, lui fait passer des examens. Qui laissent peu de doutes, mais on refuse évidemment de voir la réalité, ça n’est pas possible, non. Pas lui, pas si jeune. La foudre ne frappe pas 2 fois au même endroit ; des cancers dans la famille, on a déjà largement donné.

Fin octobre, on fête ses 3 ans en famille, après une journée qu’il aura passée à l’hôpital pour de nouveaux examens. Le cœur n’y est pas, mais on essaie de profiter, pour lui, malgré nos mines déconfites, nos visages bouffis d’avoir trop pleuré avant de se retrouver, pour cette soirée improvisée avant le confinement, avant de devoir traverser tout ça à distance, à cause de ce fichu virus. Ne pas pouvoir se prendre dans les bras pour se laisser aller à pleurer, se réconforter.

Gabriel a un neuroblastome stade 4, des métastases partout. Sa bosse en est une. Un cancer pédiatrique (ces deux mots ne devraient pas être associés, ils n’ont rien à faire ensemble…) de la glande surrénale, celle qui fabrique et libère les hormones dans le sang. Taux de survie à ce stade : 40%. Le coup de massue. A ce moment-là, le brouillard, comment réagir à une telle nouvelle ?

Ma sœur et mon beau-frère, fidèles à eux-mêmes, ont été tellement forts dans cette épreuve. Ils se sont relayés pendant des mois pour tout gérer. Le grand frère a été adorable, même si parfois, ça n’était pas facile à comprendre pour lui. Comment expliquer à un enfant de 6 ans la maladie de son petit frère ?

C’est un ordinateur qui a choisi son traitement, expérimental. Il aura tout eu. Chimiothérapie conventionnelle. Cytaphérèse. Radiothérapie. Chirurgies. Prélèvements. Chimiothérapie intensive à haute dose. Immunothérapie. Des opérations et examens à n’en plus finir. On en est là, après des semaines entières passées à l’hôpital, dans des chambres doubles, dans des conditions pitoyables. Il y aurait de quoi écrire un livre sur tout ça…

Encore une cure d’immunothérapie normalement… Qui a dû être décalée à cause du Covid. Mais Gab est un petit warrior. Ce mot, on l’a utilisé tellement de fois ces derniers mois pour parler de lui. Cet enfant a une force en lui au-delà de tout ce qu’on peut imaginer. Je suis tellement fière d’être sa marraine, sa tata Steph. Courage champion.
Pour nous, à notre niveau, le plus difficile, outre la douleur et l’inquiétude bien sûr, c’est cette impuissance que l’on ressent. Ne rien pouvoir faire pour les aider tous les 4, se sentir inutile, avoir envie de déplacer des montagnes pour que tout aille mieux, apaiser leur souffrance.
Je vous épargne les détails, les photos, ça ne regarde que lui, c’est sa vie privée. Cet article est clairement réducteur de tout ce qu’ils ont enduré, mais tout détailler serait bien trop long et douloureux, et je ne suis certainement pas la mieux placée pour en parler, mais tout ça pour dire que si on peut donner, il faut le faire. Que ce soit à la recherche, aux hôpitaux. Son sang. Ses plaquettes. Ce qu’on peut. En parler. Se dire que ça pourrait être vous, vos parents, vos enfants, et que ça n’arrive pas qu’aux autres.
Prenez soin de vous et de vos proches, la vie est précieuse.