Je n’en parlais pas, mais Stephopoloc n’était pas mon seul blog. Autant ici, je me dévoile, autant sur l’autre, j’avais besoin d’anonymat, pour pouvoir parler librement. Ce deuxième blog, il s’appelait « Quand la cigogne est dans les choux« . Le titre me paraît clair, il parlait de nos difficultés à faire un bébé. 

Quand le nom de domaine a du être renouvelé, Manon était déjà née, j’ai donc décidé de supprimer ce second blog, mais j’ai gardé les articles pour pouvoir vous les livrer ici. Un peu modifiés, car il m’est arrivé d’y tenir des propos pas très sympas sur mon entourage ; depuis, l’eau a coulé sous les ponts on va dire hein, même si on n’oublie pas, qu’on reste marqués.

Cet article date de fin 2014, je n’étais évidemment pas encore enceinte, c’était l’introduction de ce fameux blog, qui m’a servi de journal intime pendant cette période douloureuse. Le voici, légèrement modifié :

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Ceci est un blog écrit à 4 mains. 4 mains parce que pour faire un bébé, il faut être 2. Voire 3, dans notre cas. La 3ème personne étant la médecine…

Alors, soyons clairs, on n’en est pas encore à exclure l’idée de faire un bébé sous la couette, car nous somme encore au début des traitements, mais dans ma tête, je le sais, je l’ai compris, on ne fera pas un bébé « comme tout le monde ».

Pourquoi je dis ça ? Parce qu’être infertile de nos jours, on a l’impression que c’est être hors normes, comme s’il fallait avoir honte d’en parler. Pourtant, nous sommes nombreux dans ce cas, je dirai même, de plus en plus nombreux. L’infertilité, c’est la difficulté à donner la vie. Quand ça ne fonctionne pas naturellement en somme. On en parle généralement au bout d’un an sans réussite.

On peut encore faire un bébé sous la couette à notre stade, mais ça ne sera pas comme un couple « normal » (entendez par là, fertile), sans se prendre la tête, en calculant juste à la limite la date prévue d’ovulation.

Pour nous, faire un bébé, ça veut dire prendre des cachets. Des cachets qui ont de nombreux effets secondaires. Vivre avec ces effets pendant des semaines. Ne jamais avoir de répit. Calculer les jours des cycles. Calculer, encore et encore. Ne plus dormir. Passer des échographies. Beaucoup d’échographies. Endo-vaginales, sinon ce n’est pas drôle hein. Enchaîner les aller-retours à la clinique. Se faire des injections. Tous les mois. Et encore, je ne me plains pas, pour moi, ça n’aura été qu’une injection par mois, certaines, c’est durant plusieurs jours, mais je n’en suis pas là.

Il y a des gens, pour faire un bébé, ils font l’amour. Nous aussi. Mais avant, on doit me faire une piqûre. Et du coup, je passe 3 jours alitée car j’ai trop mal. Autant vous dire que la libido à ce moment là n’est pas vraiment à son apogée.

Alors, quand on me dit qu’il ne faut pas y penser, j’ai envie de hurler !

Comment est-ce qu’on peut concrètement ne pas y penser ? Comment avoir l’esprit léger quand tous les jours, quelqu’un nous demande « et vous le bébé c’est pour quand ? » ? Quand tous les jours, l’entourage nous parle de ses enfants ?

Comment rester détendue alors qu’on a les ovaires aussi gros que des pamplemousses et des douleurs à pleurer ? Comment rester optimiste quand la date présumée de nos règles tombe un week-end, et que donc si ça n’a encore pas marché, il faut reprendre le traitement au deuxième jour du cycle (J2), c’est-à-dire avoir penser à récupérer le traitement à la pharmacie avant.

J’en suis là. Il faut que je passe à la pharmacie demain, racheter mes comprimés et ma seringue, en espérant les avoir pris pour rien, mais je n’ai pas d’autre choix que de prévoir. Au cas où. Pas question de rater un cycle. Ça fait tellement longtemps qu’on attend…

Enfin, longtemps, dans notre malheur, je dois dire qu’on aura eu de la chance, si on peut appeler ça comme ça : on aura été pris en charge médicalement très tôt. Merci à notre médecin traitant, qui a malheureusement vécu elle aussi ce genre de situation, et donc s’y connaît suffisamment pour savoir que mes courbes de températures avaient un problème. Elle m’a recommandé d’avancer mon rdv avec mon gynéco. Merci aussi à lui, pour avoir été compréhensif, m’avoir rapidement examinée, et surtout ne pas avoir traîné pour commencer les traitements.

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Bref, notre puce fait maintenant notre plus grand bonheur, mais sa conception n’aura pas été de tout repos, et aura pris du temps. Elle ne serait pas là sans un sérieux coup de main de la médecine. Alors, même si on est maintenant les plus heureux parents du monde avec notre petite fille parfaite (ben quoi, je suis objective, non ? ), on n’en reste pas moins marqués. Je n’oublierai jamais ce parcours difficile, et même si je suis un peu moins aigrie sur le sujet à présent, ça reste douloureux.

J’ai décidé de vous livrer ce témoignage intime, parce que beaucoup de couples sont dans le même cas. D’un côté, ils me maudiront quand ils verront que ça a marché rapidement pour moi, mais je pense que ça peut aussi donner de l’espoir, de voir que oui, ça peut très bien finir, et heureusement. Je leur souhaite à tous de jolis bébés en bonne santé 🙂

La photo, c’était nous au début de nos essais bébé, quand on pensait encore que ce serait facile…