Cet article, je l’ai écrit il y a quelques semaines déjà, juste pour moi, parce qu’écrire est mon échappatoire. Aujourd’hui, mon Papa a accepté que je le partage avec vous…
Il y a des jours, des périodes, où tout va bien, on se sent heureux, chanceux, bénis. C’est un peu le cas depuis la naissance de Manon je dois dire, tellement elle nous comble de bonheur.
Et puis il y a ces périodes où tout fout le camp. Où l’on a l’impression que quoi qu’on fasse, la vie craint. Que dès que tout va bien, il y a ce retour en pleine figure en suivant. L’orage après le beau temps.
Il y a quelques semaines, je passe mon coup de fil quotidien à ma maman. Oui je sais, j’ai bientôt 30 ans, mais je continue à l’appeler tous les jours, pour parler de tout et de rien. Ce jour là, on papote, comme d’habitude, mais je la sens distante. Elle me dit, je te passe ton père.
Bon, rien de surprenant en soit, ça arrive régulièrement, heureusement. Je le sens tracassé. Il me dit, « avec Maman, demain, on a rendez-vous chez un… » Il cherche ses mots. J’imagine un notaire, j’imagine une vente de la maison, peut-être même un divorce, je ne sais pas, mon cerveau va vite et imagine immédiatement plusieurs hypothèses, mais ce qu’il allait me dire ne m’a même pas effleuré l’esprit.
Un pneumologue.
Ah, d’accord, mais pourquoi ? Parce que j’ai passé un scanner lundi, et qu’ils ont trouvé quelque chose.
Là, le monde s’est arrêté de tourner. J’étais dehors, mais je n’entendais plus les enfants des voisins qui jouaient, les tondeuses, les oiseaux. Mon coeur s’est serré. J’étais absorbée par mon téléphone. Je ne savais même pas qu’il devait passer un scanner, il a voulu nous préserver toutes les 3.
Ce jour là, j’ai appris que mon Papa, mon héros, lui qui n’était jamais malade, qui était immortel à mes yeux, avait un nodule de 4 cm sur son poumon gauche. Ce jour là, ma vie a pris un tout autre sens. Ce jour là, j’ai vraiment réalisé que non, ça n’arrive pas qu’aux autres. Que nos vies peuvent basculer en une seconde.
Il a donc vu la pneumologue. Le rendez-vous s’est plutôt bien passé, elle lui a prescrit toute une batterie de nouveaux examens à passer, car à ce stade, on ne sait toujours rien, on peut toujours garder espoir.
Un rendez-vous avec un cardiologue. Tout va bien de ce côté là heureusement. Il a donné son accord pour l’examen suivant.
Une fibroscopie. Il l’a passée il y a 15 jours. A priori rien de nouveau, mais ils ne peuvent pas voir aussi loin qu’ils le souhaiteraient avec ça.
Un PET Scan. Ça c’était jeudi. Et depuis, on attend. Avec cette foutue épée de Damoclès au dessus de nos têtes. Les médecins devaient se concerter lundi, puis appeler mon père pour fixer un RDV dans la semaine. Finalement, les absences de certains médecins décalent cette date à la fois redoutée et attendue. On n’en saura plus que la semaine prochaine. Là on lui annoncera enfin le diagnostic. Est-ce qu’il a un cancer ou non ? Est-ce qu’on peut le soigner ou non ? Est-ce que toutes nos vies vont changer ou non ? Est-ce que mon père verra grandir ma fille comme je l’espère ou non ?
Il vient de fêter ses 54 ans. Bordel il est jeune. Mon père, c’est mon héros. L’idée même de le perdre me terrifie. Mais je tiens le coup, parce qu’on ne sait encore rien. Parce que je suis l’aînée, que je dois prendre soin et préserver mes 2 petites soeurs. Parce que ma Maman est en première ligne et doit être entourée. Parce que peut-être que tout ira bien.
On ne sait rien, on attend, et c’est insupportable. On se fait peut être un sang d’encre pour finalement rien. Mais on reste aussi lucides. Il fume depuis 40 ans. Il se peut que les nouvelles soient mauvaises. Alors on attend, on essaie de vivre tant qu’on ne sait pas, en profitant de chaque instant, en relativisant les petits maux du quotidien qui ne sont finalement pas si importants.
Dame Oclès, on a hâte que tu nous laisses…
Je suis navrée pour toi pour vous de lire cet article :/
Je vous envoie bcp de courage
Merci beaucoup.
Beaucoup de courage garde espoir j’espère pour vous qu’il aura des résultats positifs
Merci beaucoup Audrey <3
Très bien narrée ,histoire pleine de suspenses.J’aurai envie de tourner plus rapidement les pages pour connaitre la fin de l’histoire.Une histoire pleine d’amour,des filles si reconnaissantes que le dénouement ne peut-être que positif . Les héros ne meurent pas ,ils se battent ,ils doutent peut-être parfois mais ils se battent pour gagner ,ils tombent et se relèvent .
Ton héros n’aime pas perdre .Il va falloir lui donner un bouclier pour parer les mauvais coups .Il va y arriver , tant d’amour autour de lui ne peut que l’aider à avancer car le meilleur traitement associé aux autres c’est la volonté , le moral,l’amour des siens.De plus ,ton héros n’est pas le plus simple des héros : il a dit une chose très importante c’est qu’il ne voulait pas mourir de son vivant . Comme quoi « Nodule » n’est pas prés de gagner avec un nom si moche .
Les photos sont très belles….
Je pense très fort à vous tous mais surtout au héros qui occupe mes pensées chaque jour. Bisous Carole
Merci Carole, ton commentaire me fait chaud au coeur.
Comme il a dit lui même, cette épée de Damoclès, c’est maintenant une épée d’Excalibur, que lui seul peut retirer du rocher, et il le fera, car on est sa force, nous ses 4 femmes, et toute la famille qui l’entoure.
Ça fait tellement peur, mais on ne peut que garder espoir, car comme tu dis, c’est le meilleur traitement, une grosse partie du travail.
On prie pour que tout se passe bien, il le faut, pour lui, pour Maman, pour nous…
Je t’embrasse.
Très difficile de lire cet article mais c’est la vie de chacun de nous à des moments donnés. Mon père à été diagnostiqué lui aussi avec une tumeur puis un cancer et à survécu jusqu’à 72 ans, lui fumait 5 paquets de gitanes maïs par 24 heures, sa profession « boulanger » à l’époque c’était difficile et la poussière de la farine n’a rien arrangé. Maintenant la médecine fait de gros progrès surtout lorsque l’on est pris très tôt. La chose la plus importante et qu’il soit POSITIF ainsi que son entourage. C’est plus de 50 % à 70 % de réussite dans le traitement.
Merci pour ce témoignage, je suis désolée pour votre Papa.
Il positive, il sait qu’il est entourée, que toute la famille est derrière lui, on sera là quoi qu’il advienne.
Je pense fort a vous… mon papa a moi n’est plus la depuis plus de 20 ans j’avais 14 ans ..mais pas de maladie alors garde cette espoir ce mot qui est tatouee sur ma peau ?crois en la vie bisous bikette
Merci ma belle. Oui, on reste positifs, parce qu’il le faut, c’est le plus important, rien n’est encore joué 🙂
[…] juin 2016, je publiais cet article sur le cancer de mon Papa, qui me fait toujours autant pleurer en le lisant. 6 ans plus tard, […]